Données du voyage spatial | Chiffres | Équivalence |
---|---|---|
Durée du vol | 11 minutes | – |
Altitude atteinte | 100 kilomètres | Frontière de l’espace (ligne de Kármán) |
Nombre de passagers | 6 personnes | Dont Katy Perry et l’épouse de Jeff Bezos |
Numéro du vol | 11ème vol habité | Pour Blue Origin |
Carburant utilisé | 24 tonnes | Hydrogène et oxygène liquide |
Émissions CO2 totales | 93 tonnes | Pour l’ensemble du vol |
Émissions CO2 par passager (estimation basse) | 15,5 tonnes | Équivalent à 1,5 an d’émissions d’un Français |
Émissions CO2 par passager (estimation complète) | 429 tonnes | Équivalent à 43 ans d’émissions d’un Français |
Le voyage spatial de Katy Perry : entre féminisme affiché et controverse écologique
Fin février, sur son compte Instagram, Perry avait partagé ses motivations profondes pour cette aventure extraordinaire. La chanteuse se disait “plus que jamais motivée pour être un exemple pour sa fille Daisy”, affirmant que “les femmes doivent occuper l’espace”. Un message féministe qui résonne. Mais cette noble intention suffit-elle à justifier l’empreinte carbone d’une telle escapade?
Une fois revenue sur Terre, après quelques instants d’apesanteur et une descente en douceur grâce à d’imposants parachutes, la star a confié son émerveillement : “Aller dans l’espace, c’était incroyable. […] Mais le plus important, ce n’est pas moi. C’est de créer de l’espace pour les prochaines femmes.” Voilà qui sonne juste dans notre époque où l’égalité des genres demeure un combat essentiel.
Un discours féministe qui masque un bilan environnemental lourd
Cependant, l’argument féministe avancé par la chanteuse se heurte à une réalité moins glorieuse. Emmanuelle Rio, enseignante-chercheuse en physique à l’Université Paris-Saclay, rappelle avec justesse que “les femmes ont toute leur place dans la construction d’un monde qui ne court pas à sa perte. Et ce n’est pas parce que l’on est une femme que l’on a le droit de dégrader l’environnement.”
Cette déclaration va droit au cœur du paradoxe de notre époque : comment concilier nos aspirations individuelles avec la responsabilité collective face à l’urgence climatique? La réponse n’est pas simple, mais elle mérite que l’on s’y attarde.
L’impact environnemental du tourisme spatial : des chiffres qui donnent le vertige
Blue Origin, l’entreprise de Jeff Bezos, affirme œuvrer “pour le bien de la Terre”. La fusée utilisée n’émettrait pas directement de gaz à effet de serre, utilisant comme carburants de l’oxygène et de l’hydrogène liquide. Voilà qui semble écologique à première vue. Mais qu’en est-il réellement?
La production d’hydrogène constitue le véritable problème environnemental. “Il existe deux méthodes pour produire de l’hydrogène : soit en utilisant du pétrole, soit en utilisant de l’électricité”, explique Emmanuelle Rio. Aux États-Unis, où l’électricité provient majoritairement d’énergies fossiles, contrairement à la France qui s’appuie davantage sur le nucléaire, la production de ce gaz génère inévitablement du CO2 en amont du vol.
Un bilan carbone astronomique pour quelques minutes d’apesanteur
Les estimations réalisées par le site TreeHugger dédié au développement durable font frémir. Pour chaque lancement, la quantité de carburant nécessaire s’élèverait à 24 tonnes, générant l’émission de 93 tonnes de CO2. En répartissant ce total entre les six passagères présentes lors de ce vol, chacune porterait la responsabilité de 15,5 tonnes de CO2 – soit l’équivalent de ce qu’émet un Français en un an et demi.
Plus alarmant encore, selon des travaux cités par Libération en 2021, si l’on prend en compte les émissions “directes” et “indirectes” de ces vols, le bilan grimpe à 429 tonnes de CO2 par passager. Une quantité astronomique qui correspond aux émissions d’un Français pendant… 43 ans!
Le tourisme spatial : un loisir réservé aux ultra-riches au coût environnemental disproportionné
Le voyage de Katy Perry s’inscrit dans une tendance plus large : l’émergence du tourisme spatial comme nouvelle forme de loisir pour les ultra-privilégiés. Blue Origin a désormais réalisé onze vols habités, transportant célébrités et milliardaires vers la frontière de l’espace.
“Ces vols spatiaux sont un accaparement des richesses par quelques-uns”, dénonce la physicienne Emmanuelle Rio. “Je ne parle pas d’argent, mais de richesse environnementale.” Une remarque pertinente qui souligne l’inégalité fondamentale face à la crise climatique : certains peuvent s’offrir le luxe de polluer massivement pour quelques minutes d’émerveillement, tandis que d’autres subissent déjà les conséquences du dérèglement climatique.
L’empreinte écologique totale : bien au-delà des émissions directes
L’impact environnemental du tourisme spatial ne se limite pas aux émissions directes. Il faut également considérer le coût écologique de la construction des fusées, des infrastructures terrestres, de la bétonisation des sites de lancement… Autant d’éléments “non-négligeables” selon Emmanuelle Rio.
Ces considérations élargissent encore le fossé entre le plaisir éphémère procuré par ces quelques minutes dans l’espace et les conséquences durables sur notre planète. Un luxe que notre Terre peut-elle vraiment se permettre à l’heure où chaque tonne de CO2 compte?
L’hydrogène comme carburant : solution verte ou écoblanchiment?
Le choix de l’hydrogène comme carburant pour la fusée New Shepard mérite qu’on s’y attarde. Blue Origin met en avant l’absence d’émissions directes de CO2 lors de la combustion, puisque la réaction entre l’hydrogène et l’oxygène produit principalement… de l’eau.
Cette réalité technique indéniable masque cependant une vérité plus complexe. L’hydrogène n’existe pas à l’état naturel et doit être produit, généralement par des procédés énergivores. Aux États-Unis, cette production repose largement sur des énergies fossiles, ce qui déplace simplement le problème des émissions sans le résoudre.
Les défis de la production d’hydrogène “vert”
Pour qu’un carburant à base d’hydrogène soit véritablement écologique, il faudrait que sa production soit entièrement basée sur des énergies renouvelables – ce qu’on appelle l’hydrogène “vert”. Une perspective encore lointaine à l’échelle industrielle requise pour le tourisme spatial.
Dans notre quête d’aventures extraordinaires, sommes-nous prêts à faire face aux conséquences de nos choix? La fascination légitime pour l’espace ne devrait pas nous faire oublier notre responsabilité envers la seule planète habitable que nous connaissions.
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